Chapitre premier. - Comment se manifesta la Révélation chez l'Envoyé de Dieu (sws) à ses débuts. - De ces mots du Coran: { C'est Nous qui t'avons fait révélation, comme nous l'avions fait à Noé et aux prophètes d'après lui } sourate 4, verset 163.
1. `Alqama Ibn Waqqâs al-Laythî rapporte que `Umar Ibn al-Khattâb - Dieu l'agrée -, étant en chaire, s'exprima dans les termes suivants : "J'ai entendu l'Envoyé de Dieu (sws) dire : Les actes ne valent que par les intentions. Chacun ne sera rétribué que selon ce qu'il a entendu faire. A celui qui a accompli l'Hégire pour obtenir quelque bien en ce bas monde, ou pour épouser une femme, son Hégire lui sera comptée selon ce qu'il recherchait alors."
Chapitre 2
2. D'après `Âisha, la Mère des Croyants - que Dieu l'agrée -, al-Hârith Ibn Hishâm - que Dieu l'agrée - ayant dit à l'Envoyé de Dieu (sws) : "Ô Envoyé de Dieu, comment te vient la Révélation ? ", celui-ci répondit : "A certains moments, elle m'arrive pareille au tintement d'une clochette, et c'est pour moi la plus pénible [au lieu de jaras, clochette que l'on suspend au cou des animaux, on pourrait aussi lire jars, qui signifierait bruissement des ailes.]. Puis la Révélation s'interrompt, et alors seulement je saisis ce que l'ange m'a transmis. D'autres fois, l'ange se montre à moi sous une forme humaine, il me parle et je retiens ce qu'il m'a dit."
`Âisha - Dieu l'agrée - ajoute : "Certains jours que le froid était très vif, je vis le Prophète (sws) recevoir la Révélation ; au moment où elle cessait, le front du Prophète ruisselait de sueur."
Chapitre 3
3. `Âisha, la Mère des Croyants, a dit : "La Révélation débuta chez l'Envoyé de Dieu (sws) par de pieuses visions qu'il avait pendant son sommeil. Pas une seule de ces visions ne lui apparut sinon avec une clarté semblable à celle de l'aurore. Plus tard, il se prit à aimer la retraite. Il se retira dans la caverne de Hirâ' [montagne située à trois milles de la Mecque.], où il se livra au tahannuth [on a lu parfois tahannuf (mener la vie de hanîf) au lieu de tahannuth.], c'est-à-dire à la pratique d'actes d'adoration durant un certain nombre de nuits consécutives, sans qu'il revînt chez lui ; aussi se munissait-il à cet effet de provisions de bouche. Ensuite il revenait vers Khadîja et prenait les provisions nécessaires pour une nouvelle retraite. Cela dura jusqu'à ce que la Vérité lui fut enfin apportée dans cette caverne de Hirâ'.
"L"ange vint alors le trouver et lui dit : Lis ! - Je ne suis point de ceux qui lisent, répondit-il. L'ange me saisit aussitôt, raconta le Prophète (sws) ; il me pressa au point de me faire perdre toute force et me répéta ce mot : Lis ! - Je ne suis point de ceux qui lisent [Le sens du mot qâri' employé ici et celui de iqra' donné plus loin est fort discuté. On a tour à tour donné à la racine de ces deux mots les sens de "lire", "prêcher", "louer le nom".], répliquai-je encore. Pour la troisième fois l'ange me saisit, me pressa au point de m'enlever toute force, puis me lâcha en disant : { Lis ! au nom de ton Seigneur qui créa l'homme d'un accrochement [L'exégèse pense communément pour `alaq au sang et à ses caillots.]. Lis ! par ton Seigneur Tout générosité }. [Coran ; sourate 96, verset 1 à 3.]
"En possession de ces versets, le coeur tout palpitant, l'Envoyé de Dieu (sws) rentra chez Khadîja Bint Khuwaylid - que Dieu l'agrée - et s'écria : "Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! On s'empressa de le tenir enveloppé jusqu'au moment où son effroi fut dissipé. Alors s'adressant à Khadîja, il la mit au courant de ce qui s'était passé, puis il ajouta : Ah ! j'ai craint pour mon âme ! - Non pas ! répondit Khadîja. Certes, jamais Dieu ne t'avilira ; car tu es uni avec tes proches, tu soutiens les faibles, tu donnes à ceux qui n'ont rien, tu héberges les hôtes et tu secours les victimes des vicissitudes du droit."
"Ensuite Khadîja emmena Muhammad chez Waraqa Ibn Nawfal Ibn Asad Ibn `Abd al-`Uzzâ. Cet homme, qui était le cousin paternel de Khadîja, avait embrassé le christianisme aux temps antéislamiques. Il savait tracer les caractères hébraïques, et avait copié en hébreu toute la partie de l'Evangile que Dieu avait voulu qu'il transcrivît. A cette époque il était âgé et était devenu aveugle : Ô mon cousin, lui dit Khadîja, écoute ce que va te dire le fils de ton frère. - Ô fils de mon frère, répondit Waraqa, de quoi s'agit-il ? L'Envoyé de Dieu (sws) raconta ce qu'il avait vu. - Ceci, dit Waraqa, est le nâmûs [propablement du grec nomos, qui désigne la Loi révélée.] que Dieu a envoyé autrefois à Moïse. Plût à Dieu que je fusse jeune en ce moment ! Ah ! que je voudrais être encore vivant à l'époque où tes concitoyens te banniront ! - Ils me chasseront donc ? s'écria l'Envoyé de Dieu (sws). - Oui, reprit Waraqa. Jamais un homme n'a apporté ce que tu apportes sans être persécuté. Si je vis encore ce jour-là, je t'aiderai de toutes mes forces. Après cela Waraqa ne tarda pas à mourir, et la Révélation fut interrompue [cette interruption, nommée fatra, dura trois années environ.]."
4. Parlant de cette interruption, Jâbir Ibn `Abdallâh al-Ansârî rapporte la tradition suivante : "Tandis que je marchais, dit le Prophète, j'entendis une voix qui venait du ciel. Levant alors les yeux, j'aperçus l'ange qui était venu me trouver à Hirâ' ; il était assis sur une chaire entre le ciel et la terre. Effrayé à cette vue, je rentrai chez moi en criant : Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! Alors Dieu me révéla ces versets : { Ô toi qui t'es couvert d'une cape, lève-toi pour donner l'alarme } [Coran ; sourate 74, verset 1 et 2.], et continua jusqu'à ces mots { Toute souillure [Certains exégètes donnent le mot rujz comme signifiant les idoles ; d'autres donnent ce mot comme signifiant le péché ; d'autres comme le fait d'associer quiconque à Dieu ; d'autres encore comme le châtiment divin ; d'autres enfin le donnent comme désignant Satan.], fuis } [Coran ; sourate 74, verset 5.]. Après cela la Révélation reprit avec ardeur et continua sans interruption. "
In fine, indication de deux autres isnâd et d'une variante dans le texte de la tradition rapportée par `Âisha : bawâdiruhu au lieu de fu'âduhu [Si l'on accepte cette leçon, il faut remplacer ces mots : "le coeur tout palpitant" au troisième paragraphe du hadîth nº3, par "les épaules secouées" (par l'émotion ou la frayeur).].
Chapitre 4
5. Suivant Sa`îd Ibn Jubayr, voici comment Ibn `Abbâs commentait le verset du Coran : { N'agite pas ta langue pour le hâter } [Coran ; sourate 75, verset 16. L'Envoyé de Dieu (sws) de crainte d'oublier les fragments qui lui étaient révélés, en aurait accéléré le débit. L'ordre lui aurait alors été intimé d'attendre, pour les redire leur achèvement.]. "L'Envoyé de Dieu (sws) essayait de calmer la souffrance que lui inspirait la Révélation, et c'est dans ce but qu'il remuait les lèvres." Ce disant, Ibn `Abbâs remuait les lèvres et ajoutait : "Regardez, je les remue de la même façon que le faisait l'Envoyé de Dieu (sws)." A son tour, Sa`d, rapportant cette tradition, remuait les lèvres et disait : "Je les remue comme je l'ai vu faire à Ibn `Abbâs." Ce fut dans ces circonstances que Dieu fit descendre ce verset : { N'agite pas ta langue pour le hâter : à Nous de l'assembler et d'en fixer la lecture } [Coran ; sourate 75, verset 16 et 17]. Ibn `Abbâs expliquait ces derniers mots en disant : "Dieu les assemblera dans ta poitrine et tu les réciteras ensuite." Dans le verset : { Et quand Nous l'aurons lu, suis-en bien la lecture } [Coran ; sourate 75 verset 18]. Ibn `Abbâs expliquait les derniers mots par : "Ecoute la lecture et fais silence." Enfin ce verset : { Et c'est encore à Nous d'en assurer (les effets) l'expression } [Coran ; sourate 75, verset 19], doit s' entendre selon Ibn `Abbâs : "Ensuite c'est encore à Nous de te le faire réciter". Après cette Révélation, chaque fois que Gabriel venait trouver l'Envoyé de Dieu (sws), celui-ci l'écoutait, puis dès que Gabriel était parti, le Prophète (sws) récitait le Coran exactement comme l'ange l'avait récité.
Chapitre 5
6. Ibn `Abbâs rapporte que nul n'était généreux à l'égal de l'Envoyé de Dieu (sws) et que cette générosité se manifestait surtout durant le mois de Ramadân, à la suite de ses entrevues avec Gabriel qui venait chaque nuit lui enseigner le Coran. A ce moment-là l'Envoyé de Dieu (sws) était plus généreux que les vents annonciateurs [c'est-à-dire, les vents annonciateurs de pluie.].
Chapitre 6
7. Abû Sufyân Ibn Harb a raconté qu'il fut mandé par Héraclius à l'époque où il se trouvait en Syrie à la tête d'une caravane de marchands Qurayshites, et au cours de la trêve que l'Envoyé de Dieu (sws) avait conclu avec lui et les infidèles de Quraysh. Les envoyés d'Héraclius arrivèrent auprès d'Abû Sufyân au moment où l'empereur et sa suite se trouvait à Ilya' [transcription arabe de la première partie du nom que portait à cette époque Jérusalem, Aelia Capitolina.]. Entouré de grands personnages byzantins, Héraclius convoqua les Quraychites dans la salle de réception ; puis il les fit introduire en sa présence et invita son interprète à leur dire : " Lequel d'entre vous est le plus proche parent de cet homme qui prétend être le prophète ? - C'est moi, répondit Abû Sufyân. - Qu'on fasse approcher cet homme de moi, dit l'empereur ; qu'on fasse également rapprocher ses compagnons et qu'ils soient placés dans son dos." Alors s'adressant à son interprète : "Dis-leur, reprit-il, que je vais interroger cet homme sur le prétendu prophète ; si cet homme ment, ses compagnons devront relever ses mensonges." En faisant ce récit, Abû Sufyân ajouta : "Par Dieu ! si je n'avais eu honte de voir relever mes mensonges par mes compagnons, j'aurais hardiment menti sur son compte. La première question qui me fut posée fut la suivante : "Quel rang sa famille occupe-t-elle parmi vous ? - Elle jouit d'une grande considération, répondis-je. - Quelqu'un parmi vous, poursuivit Héraclius, a-t-il jamais tenu avant lui de semblables propos ? - Non. - Quelqu'un de ses ancêtres a-t-il régné ? - Non répliquai-je. - Ses partisans se recrutent-ils dans les hautes classes ou parmi les humbles ? - parmi les humbles. - Leur nombre augmente-t-il ou va-t-il en décroissant ? - Il augmente. - En est-il parmi eux qui après avoir adopté sa religion la prennent ensuite en aversion et apostasient ? - Non. - Le soupçonniez-vous de mensonge avant qu'il ne tînt le discours qu'il tient aujourd'hui ? - Non. Trahit-il ses engagements ? - Non ; mais nous avons conclu une trêve avec lui en ce moment et nous ignorons comment il se conduira au cours de cette trêve." Cette réponse, ajouta Abû Sufyân, fut la seule dans laquelle je pus glisser une insinuation (contre Muhammad).
"Poursuivant ses questions, Héraclius dit : " Avez-vous été en guerre contre lui ? - Oui, répondis-je. - Quelle a été l'issue des combats livrés ? - La guerre entre nous a eu des alternatives ; tantôt c'est lui qui l'a emporté sur nous, tantôt c'est nous qui l'avons emporté sur lui. - Et que vous ordonne-t-il donc ? - Il nous dit de n'adorer que Dieu seul ; de ne lui associer aucune chose ; de renoncer aux croyances de nos pères. Il nous ordonne de prier ; d'être de bonne foi [Au lieu de Sidq on trouve parfois la variante sadaqa. Avec cette seconde leçon, le sens serait "de faire l'aumône".] ; d'avoir des mœurs pures ; de rester unis avec nos proches." Alors Héraclius chargea son interprète de dire à Abû Sufyân : "Je t'ai interrogé sur sa famille et tu m'as répondu qu'il était de bonne naissance. Or les envoyés de Dieu ont toujours été choisis parmi les plus nobles du peuple chez lequel ils remplissent leur mission. Je t'ai demandé si quelqu'un parmi vous avait tenu de semblables discours, et tu m'as répondu que non. Alors en moi-même j'ai pensé que si quelqu'un avant lui avait tenu les mêmes propos, je pourrais croire que cet homme ne faisait qu'imiter les enseignements de ses prédécesseurs. Je t'ai demandé si parmi ses ancêtres il y en avait eu un qui eût régné et tu m'as dit que non. En posant cette question je pensais que, si un de ses ancêtres avait régné, cet homme cherchait à remonter sur le trône de ses pères. Je t'ai demandé si, avant qu'il vous tînt ses discours, vous le soupçonniez d'être un menteur et tu m'as répondu que non. J'ai compris par à que s'il n'était pas homme à mentir à l'égard de ses semblables il ne pouvait mentir à l'égard de Dieu. Je t'ai demandé si ses adeptes se recrutaient parmi les grands ou parmi les humbles et tu m'as répondu que c'était parmi les humbles. Or c'est toujours eux qui forment les partisans des prophètes. Je t'ai demandé s'ils augmentaient en nombre ou s'ils diminuaient et tu m'as répondu qu'ils allaient en augmentant. Or c'est bien là le propre de la foi de croître jusqu'à sa complète évolution. Je t'ai demandé si quelques-uns d'entre eux après avoir embrassés la foi s'en détournaient par aversion et la reniaient et tu m'as répondu que non. Et c'est bien ainsi qu'agit la foi quand sa félicité pénètre dans les coeurs. Je t'ai demandé s'il manquait à ses engagements et tu m'as répondu que non. Il en est ainsi des prophètes, ils ne trahissent point. Je t'ai demandé ce qu'il vous ordonnait et tu m'as répondu qu'il vous ordonner d'adorer Dieu, de ne lui associer nulle chose, qu'il vous défendait d'adorer les idoles ; qu'il vous prescrivait le prière, la bonne foi et la pureté des moeurs. Si donc ce que tu dis est vrai, cet homme conquerra cet endroit même que foulent mes deux pieds. Je savais d'ailleurs que cet homme allait bientôt paraître, mais je ne supposais pas que ce serait l'un d'entre vous. Quant à moi, si je savais pouvoir parvenir jusqu'à lui, je ferais tous mes efforts pour l'aller trouver et dès que je serais auprès de lui je laverais la poussière de ses pieds."
Ensuite Héraclius donna l'ordre d'apporter la lettre que l'Envoyé de Dieu (sws) avait fait remettre par Dihya au gouverneur de Basra et que ce dernier lui avait transmise. Il lut la lettre qui était ainsi conçue : "Au nom de Dieu le Tout miséricorde, le Miséricordieux. De la part de Muhammad, l'adorateur de Dieu et Son Envoyé, à Héraclius le chef des Byzantins. Salut à quiconque suit la guidance. Ensuite. Je t'appelle à la foi musulmane. Soumets-toi, tu seras sauf et Dieu te donnera une double part de récompense. Si tu te détournes, tu seras en outre responsable du péché commis par les arîsiyyûn [Le mot al-arîsiyyûn du texte zinsi que les variantes orthographiques qui en sont données par le commentaire, est expliqué par al-akkârûn "les laboureurs". La plupart des sujets d'Héraclius étant laboureurs, le Prophète (sws) aurait désigné ainsi tous les sujets de Héraclius. Toutefois, le Lisân al-`Arab, à propos de ce passage, fait remarquer que les laboureurs désignés ainsi étaient persans et idolâtres et il serait alors permis de comprendre ce passage dans le sens de : "Tu commettrais le même péché que les laboureurs (qui sont idolâtres)".]. {Ô gens du Livre, venez à une formule moyenne entre vous et nous : de n'adorez que Dieu, sans rien Lui associer, de ne pas nous prendre les uns les autres en maîtres en place de Dieu. S'ils se dérobent, eh bien ! dites : "Témoignez que nous sommes de Ceux-qui-se-soumettent [des musulmans]} [Coran ; sourate 3, verset 64.].
Abû Sufyân poursuit son récit en ces termes : "Lorsque Héraclius eut prononcé les paroles qui viennent d'être rapportées et qu'il eut achevé de lire la lettre du Prophète, un grand tumulte se produisit dans son entourage et des cris violents retentirent. On nous fit alors sortir et pendant que nous sortions je dis à mes compagnons : "Il faut que les affaires du fils d'Abû Kabsha [Les exégètes ne sont pas d'accord sur le nom du personnage qui aurait porté le nom de Abû Kabsha. On l'applique tantôt à un ancêtre de l'Envoyé de Dieu (sws), tantôt à son père nourricier. Il est possible aussi qu'il s'agisse d'un Abû Kabsha qui avait renié de façon éclatante le culte des idoles de la Mecque pour adorer la constellation du Chien. Quoi qu'il en soit, l'intention injurieuse n'est pas douteuse.] aient pris de l'importance puisque le prince des Banû al-Asfar [Dénomination donnée aux Byzantins.] le redoute." Et depuis ce jour jusqu'au moment où Dieu m'imprégna de l'islâm, je demeurai convaincu du succès de Muhammad.
Ibn an-Nâzûr, gouverneur de Ilyâ', ami d'Héraclius et évêque des chrétiens de Syrie, raconte ce qui suit : "Héraclius, de passage à Ilyâ', se leva un matin de fort méchante humeur. Un de ses patrices lui dit alors : "Nous voyons avec peine que tu n'as pas ton air accoutumé." Ibn al-Nâzûr ajoute que Héraclius, qui était devin et qui observait les astres, répondit alors à l'observation qu'on venait de lui faire : "Cette nuit, en regardant les astres, j'ai vu que l'avènement du prince des circoncis venait d'avoir lieu. Quelles sont donc les nations actuelles qui pratiquent la circoncision ? - Les juifs seuls, répondirent les courtisans, pratiquent la circoncision. N'aie donc pas la moindre inquiétude à leur sujet. Ecris dans toutes les villes de ton royaume pour ordonner qu'on mette à mort tous les juifs qui s'y trouvent."
Ils en étaient là de leur conciliabule, quand se présenta à Héraclius un messager du prince de Ghassân chargé d'annoncer à l'empereur l'apparition de l'Envoyé de Dieu (sws). Après avoir interrogé ce messager, Héraclius dit à ceux qui l'entourait : "Allez examiner cet homme et voyez si oui ou non il est circoncis." L'examen terminé, ils déclarèrent que le messager était circoncis. L'empereur lui ayant alors demandé si les Arabes étaient circoncis et la réponse ayant été que oui, il s'écria : "Ce que j'avais vu, c'était donc l'avènement au pouvoir de ce peuple." Ensuite il écrivit à un de ses amis dont la science égalait la sienne et qui habitait Rome, puis il se mit en route pour Emèse. Il n'était pas encore arrivé dans cette ville qu'il reçut de son ami une lettre qui confirmait l'idée qu'il avait eue de l'avènement de Muhammad (sws) et du caractère prophétique de sa mission. Alors Héraclius convoqua tous les grands personnages byzantins dans la salle intérieure de son palais d'Emèse et, après en avoir fait fermé les portes, il se plaça dans un endroit élevé et dit : "Peuple byzantin, désirez-vous le bonheur ? Voulez-vous être dans la droite voie et conserver votre suprématie ? eh bien ! prêtez serment de fidélité à ce prophète !" En entendant ces mots, les Byzantins, avec la furie d'ânes sauvages, se ruèrent vers les portes, mais ils les trouvèrent fermées. Désespérant alors de les amener à la foi, Héraclius donna l'ordre de ramener tout le monde devant lui et dit : "Le discours que je viens de vous tenir n'avait d'autre but que d'éprouver la force de votre attachement à votre religion ; maintenant je suis édifié." Les Byzantins se prosternèrent aussitôt devant lui et lui marquèrent leur satisfaction. Ainsi finit cette aventure de Héraclius.
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